Si l’ensemble des produits alimentaires sont, très souvent, présentés découpés, tranchés, émincés, morcelés, hachés ou râpés, les techniques de découpe doivent, en parallèle, répondre à des défis technologiques de plus en plus complexes.
En effet, ces techniques doivent satisfaire à des exigences de consommation liées à la forme du produit, à l’hygiène, à la cadence, à l’économie de la matière
La découpe des aliments est une opération unitaire très fréquente dans les chaines de production et de transformation agroalimentaire. En fait, il existe même des branches du secteur agroalimentaire ou la fabrication du produit se résume à une succession d’opérations de découpage telles que les ateliers de découpe des abattoirs, des fromages, des confiseries, des poissons ou de la viande.
Par ailleurs, ces opérations sont utilisées dans les industries agroalimentaires pour répondre aux exigences de forme et de poids constants. En effet, elles permettent d’obtenir de nouvelles formes originales pour séduire les consommateurs. En outre, les procédés de découpage donnent aux industriels la possibilité de fabriquer des portions à poids constants (à quelques grammes prés), en particulier dans les secteurs de la viande et du poisson.
La découpe des produits alimentaires doit répondre à plusieurs contraintes
Les contraintes des techniques de découpe sont liées généralement à la nature des matières premières à découper, aux produits finis à obtenir, aux conditions d’hygiènes, aux pertes de matière et à la cadence de découpe.
En effet, la nature de la matière première à découper varie selon sa texture (composition et état) : croûte + mie, os + muscle, génoise + pépites + crème, etc. De plus, la forme et les dimensions des produits à découper sont à prendre en compte : flux continu d’un produit défilant sur un convoyeur (pâtisserie, confiserie, etc.), objet individuel de dimension et de forme très variables : carcasses, légumes, fruits, tartes, pains... (Tableau 1)
Tableau 1 :Exemples de dimensions de découpe de produits alimentaires
Produits |
Dimensions |
Jambons, épaules |
20 dm3 |
Tranches de jambon |
300 cm2 × 0,3 cm |
Parts de gâteaux |
quelques 100 cm3 |
Tranches de pain ou de poisson |
quelques 10 cm3 |
Cubes de macédoine de légumes ou de fruits |
1 cm3 |
Par ailleurs, le découpage est souvent l’avant dernière étape avant le conditionnement du produit fini. Le découpage doit, ainsi, être réalisé dans des conditions d’hygiène rigoureuses pour éviter la contamination des produits alimentaires. Sachant que les principales sources de contamination des produits découpés sont : les outils et accessoires de découpe, l’air ambiant, le personnel, les surfaces en contact avec le produit, le produit lui-même et les déchets de coupe.
Afin de maîtriser ces risques sanitaires, de nombreuses réglementations existent, selon les secteurs d’activité. Celles-ci définissent les conditions de découpe : température des produits, température des locaux, nature des supports...
Pour s’intégrer aux chaînes de production agroalimentaires, les postes de découpage doivent pouvoir traiter plusieurs dizaines, à plusieurs centaines, de milliers de kg/h de matière, ce qui conduit à réaliser des dizaines de km/h de trait de découpe et à créer des centaines de m2/h de surface (Tableau2).
Tableau 2 : Exemples de cadences de découpe
Produits |
Cadences courantes |
Poulets |
1 500 poulets/heure en 9 morceaux |
Lapins |
750 lapins/heure en 7 morceaux |
Pâtisseries |
1 tonne/heure soit plusieurs dizaines de milliers de biscuits ou barres par heure |
Crèmes glacées |
20 000 pièces par heure, pour les produits extrudés, en portion individuelle |
Poisson |
3 à 6 filets de poisson/min/personne |
L’une des contraintes importantes sur lesquelles il faut se baser pour le choix de la technique de découpe est les pertes de matières. En effet, diminuer les pertes de matières engendre une augmentation des quantités du produit vendues et une réduction des couts relatifs à leur traitement.
Il existe plusieurs techniques de découpe
Les techniques de découpe peuvent être classées selon :
Tableau 3 : exemple d’application de certaines techniques de découpe
Outils |
Caractéristiques |
Mode de déplacement |
Applications |
Scies |
Outils rigides à arêtes tranchantes multiples |
Bidirectionnel |
*Produits durs, tels que les os et les produits surgelés ; *Produits élastiques et croûtés. |
Ultrasons |
Outils rigides (sonotrodes) à arêtes tranchantes uniques, animées d’un mouvement vibratoire à haute fréquence |
Micro déplacements multidirectionnels et effet de guillotine (unidirectionnel) |
*Produits fragiles ne tolérant pas de grandes déformations sous l’effet d’une lame : pâtisseries composites (mille feuilles...) ; * Produits riches en matière grasse et donc collants : fromages, charcuteries ; * Découpe en parts de produits ronds ; *Produits de grandes épaisseurs (60 à 200 mm) ; * Tranches fines (2 mm). |
Jets d’eau hyperbares |
Microflux à haute énergie, obtenu par un fin jet d’eau s’écoulant à très grande vitesse |
La détermination du mode de déplacement de l’outil de découpe par rapport au produit est plus complexe à déterminer. On peut cependant le qualifier de bidirectionnel |
*Produits élastiques et mous qui s’écrasent sous une lame : pâtisseries composites, lasagnes, gels, œufs, biscuits encore chauds... * Produits collants : confiseries, pâtisseries en sortie de four ; * Découpe selon des géométries complexes : biscuits figuratifs ; * Portionnement à poids fixe de filets de volailles et de poissons ; * Produits peu ou moyennement épais (e < 60 mm). |
Lasers (essentiellement des lasers CO2) |
Microflux à haute énergie, obtenu par une amplification de l’émission de photons d’une matière, conduisant à des faisceaux de rayonnement spatialement et temporellement cohérents. |
Idem que pour le jet d’eau hyperbare |
Peu de développement actuellement en agroalimentaire. Les essais mettent en évidence que cette technologie ne convient pas pour les produits ayant une surface trop irrégulière et/ou ayant une surface réfléchissante (produits surgelés). |
Parmi les techniques de découpe utilisées pour donner des formes aux produits alimentaires on cite la découpe par ultrasons et la découpe par jet d’eau hyperbare.
Les recherches et applications des technologies des ultrasons pour le découpage des produits alimentaires sont relativement récentes. Cette technologie s’est fortement développée compte tenu des solutions qu’elle apporte à de nombreuses problématiques de la découpe des aliments mous, collants, moelleux, friables et hétérogènes.
La découpe par ultrasons, par exemple, est une opération qui se fait à l’aide d’un outil appelé sonotrode et permet de diviser les produits selon une géométrie précise afin d’obtenir des morceaux de taille réduite qui répondent aux contraintes de fabrication et/ou de commercialisation. Ce ne sont pas les ultrasons qui assurent la découpe. Ces derniers sont, en effet, appliqués à une lame possédant une géométrie particulière. En vibrant à haute fréquence (20 kHz), cette lame fait des microdéplacements d’une amplitude variant entre 50 et 100 μm. Le fil de lame est alors soumis à une grande accélération mécanique de l’ordre de 105 g, ce qui provoque la rupture du matériau sous la lame.L’amplification est fonction du produit à traiter : plus celui-ci est mou et moins il y aura d’amplification. En parallèle à cette vibration de la lame, on réalise une descente de l’outil de découpe. La découpe se fait, donc, sans compression du produit et sans frottement, ce qui permet d’obtenir de très belles surfaces de coupe même avec des produits très collants ou très fragiles.
De part les principes mis en œuvre, les avantages de la découpe par les ultrasons sont nombreux. En effet, cette technique permet :
La découpe par ultrasons permet, ainsi, de répondre à de nombreux objectifs et contraintes de la découpe : qualité de présentation, économie de matière (peu de brisures).
Quant à la découpe par jet hyperbare, elle a été utilisée, au début, pour l’usinage des matériaux puis dans l’industrie agroalimentaire. Le découpage au jet d’eau hyperbare est une opération appartenant aux opérations unitaires de réduction dimensionnelle qui se fait à l’aide d’un jet d’eau à très grande vitesse. En outre, elle permet de diviser les matériaux solides selon une géométrie précise afin d’obtenir des morceaux de taille réduite ou de séparer les parties différentes, afin de répondre aux contraintes de fabrication et de marché.
La découpe au jet d’eau hyperbare repose sur l’utilisation de la pression et du débit comme vecteur d’énergie. L’eau est projetée à très grande vitesse (600 à 1 000 m/s), à des débits allant de 1 à 15 litres par minute (selon le nombre de têtes), sous forme d’un filet d’eau continu de faible diamètre (0,08 à 0,5 mm), sur l’aliment à découper. Le filet d’eau est obtenu par passage du fluide de découpe dans une buse, dont la configuration varie selon le type de fluide. Le débit d’écoulement de l’eau de découpe est défini à partir du diamètre calibré de la buse et de la pression de l’eau.
De nombreux avantages ressortent de l’utilisation de la technique de découpe par jet d’eau hyperbare. En effet, cette technique permet :
Cependant, la technologie présente quelques inconvénients, notamment :
Pour en savoir plus
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