Le marché des engrais minéraux

Le marché des engrais est un marché oligopole. Il dépend, directement, de la présence des matières premières, des importations et des politiques environnementales.

Le marché des engrais est un marché oligopole. Il dépend, directement, de la présence des matières premières, des importations et des politiques environnementales.

Quelques chiffres

Selon la FAO (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la consommation mondiale des engrais a augmenté de 40% entre 1980 et 2006. Cette élévation est liée à l’augmentation de la population, au besoin d’assurer la sécurité alimentaire et à une forte production agricole.

D’après une étude récente, réalisée par le Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pèche (France), les pays de l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis consomment moins les engrais que les pays asiatiques.

La France est le plus grand consommateur d'engrais minéraux. Elle représente environ 20% des consommations européennes. Elle est suivie par l'Allemagne et la Pologne qui représentent, respectivement, environ 15% et 10% du marché européen (International Fertilizer Association IFA, 2006).

En parallèle, au niveau mondial, la France est actuellement le septième pays consommateur d'engrais minéraux avec une consommation d’environ 3,5 millions de tonnes par an, ce qui représente environ 2 % du marché mondial (contre 5% en 1980). Cette situation s'explique par une baisse de 38% des consommations d'engrais minéraux des pays européens ainsi qu'une hausse de 40% de la consommation mondiale.

En Asie, la Chine et l’Inde sont les principaux consommateurs de fertilisants minéraux. En effet, la consommation chinoise a évolué de 15 MTN (Million de tonnes), en 1980, à 49 MTN en 2006. Même tendance en Inde, la consommation s’est quadruplée de 5 MTN à 21 MTN entre 1980 et 2006. Ceci s’explique par la forte évolution des besoins de l’Asie du Sud-Est.

Figure1 : répartition de la consommation mondiale des fertilisants

Source : IFA 2006

Actuellement, la production d’engrais minéraux est dominée par l’Asie, à l’exception de la potasse qui est produite, en particulier, au canada, en Russie et en Biélorussie.

Pour l’élément phosphate naturel, sa production est partagée entre trois acteurs dominants du marché: la Chine (36%), les Etats-Unis (17%) et le Maroc (16%). A signaler qu’en Europe, la Finlande est le seul producteur de cet élément, avec une production, assurée par une société privé nommée YARA, qui ne dépasse pas 0,3 MTN. Quant aux produits azotés, l’Inde et la Russie restent les plus importants acteurs de la production mondiale.

De ce fait, le marché mondial des engrais minéraux est relativement oligopolistique, il est partagé entre quelques acteurs localisés à proximité des ressources, même si la majorité de ces pays sont instables politiquement, à titre d’exemple: la Russie et l'Ukraine.

En outre, le marché mondial dépend du volume des échanges commerciaux des produits minéraux.

Tableau1 : exportateurs et importateurs des engrais minéraux

	Exportateurs	Importateurs
Produits azotés (gaz naturel)	Trinidad Tobago Russie	USA
Phosphate	Maroc Jordanie	Inde USA Brésil
Potasse	Canada Russie Biélorussie	Chine USA

Source : IFA 2009

Le marché

Le marché des engrais et la matière première

Le gaz naturel, le phosphate naturel et le sel de potassium représentent les trois ressources de base pour la production des principaux fertilisants (l’azote N, le phosphate P et le potassium K).

L'élément azote représente 60% de la consommation d'engrais dans le monde, suivi par le phosphate (25%) et le potassium (15%).

Généralement, les matières premières sontrares et inégalement réparties. L’évolution de l’industrie de la production de l’azote, de l'extraction minière du phosphate naturel et celle du sel de potassium dépend en grande partie des ressources naturelles, ainsi que de l'accès et de la gestion de ces ressources.

Pour le marché du gaz naturel, il est influencé par la localisation de la ressource et par les différents modes d'approvisionnement. En effet, le gaz naturel est le principal déterminant du marché des engrais azotés.

Tableau 2: les principaux pays : ressources, consommation et production de gaz naturel

	Ressources en trillions M3	Production en MTEP (Millions de Tonnes Equivalent Pétrole)	consommation en MTEP
Russie	541	378	43,3
USA	533	600	6,7
Iran	104	105	29,6
Arabie saoudite	70	70	7,5
Qatar	69	18	25.4

Source: BP Statistical Review of World Energy, 2009

Les pays de l'Afrique du Nord (l'Algérie, l’Egypte et la Lybie) renferment d'importants gisements de gaz naturel, mais les 70% des réserves mondiales sont partagées entre les pays de l’Ex Union Soviétique et du Moyen-Orient (voir tableau 2).

Quant au marché de la potasse, il connaît une situation d’oligopole. Ses principaux acteurs industriels sont PotashCorp (Canada), Belaruskali (Biélorussie) et Mosaic (Canada, Etats-Unis).

Enfin, pour le marché du phosphate naturel, il est très développé au Maroc (OCP), en Tunisie (GCT), en Algérie (Ferphos) et en Syrie (Gecopham).

Le phosphate naturel est très utilisé dans l'agriculture, sous plusieurs formes telles que le super phosphate triple (TSP), le superphosphate simple (SSP), le phosphate diammonique (DAP) et le phosphate monoammonique (MAP). D’après une étude réalisée par l’Institut d'étude géologique des États-Unis en 2009, les réserves de phosphate se localisent, principalement, en Chine (37%), au Maroc (32%), en Afrique du Sud (8%) et aux Etats-Unis (7%).

Ceci dit, la fabrication de cet élément fertilisant connait plusieurs contraintes environnementales, surtout dans les pays développés, ce qui réduit fortement la capacité des industriels à développer de nouveaux projets.

L’impact environnemental…

L’impact environnemental…

L’utilisation des engrais minéraux a garanti une augmentation significative des rendements agricoles mais, en parallèle, elle a été la cause majeure de la pollution des nappes phréatiques, du sol et de l’air.

La production des produits azotés est la principale source des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la filière engrais. Un excès d’utilisation provoque l’eutrophisation des milieux aquatiques et la prolifération excessive des algues.

Selon l’IFA, l’émission mondiale de Co₂ issue des industries des engrais a atteint 2,48%.

De ce fait, l’obligation de mettre en place des politiques, à moyen et à court terme, permettant de lutter contre le changement climatique, est devenu nécessaire. Cette situation pourrait, donc, limiter le développement du marché des engrais minéraux.

Réglementation…

Réglementation…

La directive européenne dite "Nitrates" 91/676/CEE, du 12 décembre 1991, constitue le premier instrument réglementaire pour lutter contre les excès d’utilisation de l'azote dans l’agriculture. Cette directive a permis d'obtenir une réduction significative des consommations d'engrais azotés.

En 1999, le protocole de Göteborg a été établi pour diminuer l’émission de quatre gaz polluants (hors gaz à Effet de Serre GES): le dioxyde de soufre SO2, l'oxyde d'azote NOx, les composés organiques volatiles COV et l'ammoniac NH3. Afin de fixer les objectifs de réduction d’émission et les moyens pour y parvenir, ce protocole est actuellement en cours de révision.

A l’échelle internationale, la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le protocole de Kyoto ont été accomplis pour lutter contre les changements climatiques causés par les gaz à effet de serre.

En vertu du protocole de Kyoto, pendant la première période d'engagement (2008-2012), les pays industrialisés doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en moyenne de 8%.

Egalement, l'Union européenne a introduit, en 2005, le système communautaire d'échange de quotas d'émissions (SCEQE), premier système international de plafonnement des émissions de CO₂ et autres gaz à effet de serre dans les entreprises. Ce dernier a mis en en place un marché du carbone, où les entreprises peuvent acheter et vendre leur droit de polluer.

Dans une perspective de développement durable, l’optimisation de la consommation des engrais, l’encouragement de la recherche agronomique environnementale et l'utilisation de produits fertilisants environnementaux (sous-produits organiques) sont des mesures qui s’imposent de plus en plus.

Pour en savoir plus

www.fertilizer.org